Virginie Contier : son petit monde
- 12/09/2020
- Le petit monde de
Aujourd’hui je vous invite à plonger dans l’univers graphique et onirique de Virginie Contier. Elle nous confie ses inspirations, son parcours et les rencontres qui l’ont fortement influencées. Très attachée à sa région languedocienne, elle s’inspire de la nature, des contes et légendes qui ont bercé son enfance et transmet au travers de multiples techniques de création, son amour pour le fait main et l’artisanat.
Bienvenue dans le royaume de Virginie Contier, peuplé de créatures magiques au coeur d’une nature enchantée!
Virginie Contier dans son atelier.
Portraits et végétaux dans son carnet à croquis.
Bonjour Virginie, merci de m’accorder un peu de ton temps je sais que tu es actuellement plongée dans de nombreux préparatifs d’exposition et donc de création, tu auras l’occasion de nous présenter ces évènements tout à l’heure. Alors pour commencer pourrais-tu nous dire quelques mots sur ton parcours (tes études par exemple) ?
J’ai toujours eu une activité artistique mêlant dessin, chant et danse (et même un petit peu de guitare). Mais ce n’est qu’après le lycée que je suis entrée dans les Arts Appliqués. J’ai débuté mes études avec une MANAA (Mise à Niveau en Art Appliqué) à l’ESMA de Toulouse. Naïvement je pensais que la publicité correspondait au milieu dans lequel je voulais évoluer, du fait que les images qu’elles engendraient étaient là pour transmettre un message (honnête et plein de bonnes intentions…).
Je me dirige donc vers un BTS Communication Visuelle. J’ai vite déchanté sur les fondements de cette discipline dans laquelle je n’étais pas en phase. Par chance le BTS change de référentiel, me voilà donc en BTS Design graphique ! Je reprends confiance avec l’étude de la typographie, l’histoire du design graphique et les cours de publicité qui disparaissent peu à peu…. Je continue sur ma lancée avec un Master en édition & graphisme à l’ISCID de Montauban. Une expérience qui m’a permis de réaliser des stages et de pratiquer des techniques d’impressions comme la sérigraphie. Cela fait maintenant un peu plus d’un an que j’ai quitté le système scolaire avec un goût de libération et d’aventure !
Réalisation d’une fresque à Toulouse.
Gravures végétales inspirées de petites récoltes en forêt.
Tu es originaire du Languedoc et je crois savoir que tu es très attachée à ta région, son histoire, ses légendes, en quoi cela influence ton travail au quotidien ?
Tout à fait ! Mes parents sont maraichers, je peux donc dire que je suis une fille de la terre et de la campagne. Ce cadre de vie m’a beaucoup sensibilisé sur la manière que l’on a de consommer et de respecter la planète qui nous accueille… Mes grands-parents parlaient patois, et sans trop que je comprenne l’ensemble de leurs discussions cela a nourri un certain folklore et une idée de tradition et de transmission. Je ne connais pas toutes les histoires et légendes de ma région mais l’esprit médiéval qui y habite encore a ancré en moi une certaine ambiance. Je crois avant tout que cette atmosphère m’a construit, et forcément cela se ressent dans mon travail. De ce fait je cherche au quotidien à sensibiliser les gens au travail fait main en leur faisant découvrir des techniques artisanales et toujours en petite quantité. Dans mes illustrations et petites histoires j’essaye de suspendre le temps, un moment où le lecteur se laisse à la rêverie. Et pourquoi pas, arriver à faire germer des idées et notions simples tel que le partage, la paix, le respect de la nature…
Et est-ce que parfois tu te sers de ces éléments comme point de départ pour la réalisation d’une peinture, d’un croquis ?
Oui et non :). Je m’en sert indirectement car c’est en moi. Mais ce qui me sert surtout de point de départ est « qu’est ce que je veux dire » ? Pourquoi je vais réaliser cette peinture ? Parfois, je vais vouloir simplement approfondir un croquis, une bribe de pensée notée sur mon carnet pour la faire évoluer en images.
Peinture sur textile.
Recherches de motifs et couleurs dans son atelier.
Dans ton travail artistique, tu utilises sans contrainte différents outils, des matériaux variés , plusieurs techniques de création : le dessin, la peinture sur bois et textile, le graffiti, la céramique, l’édition d’histoire illustrée, les stickers, etc. Comment passes-tu d’un médium à l’autre ?
De manière assez instinctive. Tout dépend aussi bien sûr du projet et des contraintes, mais lorsque celui-ci est libre je me laisse guider par le projet en lui même. On l’a beaucoup étudié à l’école : le fond et la forme ont un lien et le fait de donner un sens à ce lien renforce son propos. Mais je trouve que tout cela reste encore un peu timide, il y a encore du boulot !
Lorsque tu crées un personnage, un motif, as-tu besoin de le décliner sur toutes sortes de support, ou bien est-ce que chacun a un médium, une technique qui lui est alloué ? Je pense notamment à ton personnage du Coucou sauvage.
C’est encore en « voie de développement » mais j’ai effectivement le besoin de décliner mes personnages sur différents supports. Autrement j’ai l’impression qu’ils ne sont pas vivant, que ce sont juste des dessins sur des feuilles. Le Coucou sauvage en est un très bon exemple car il fait partie de l’univers d’une histoire que j’ai écrite et illustrée pour mon diplôme de fin d’étude. J’ai écrit un « prequel » à cette histoire « L’alchimiste et la pierre » dans lequel entre en scène le Coucou sauvage.
Mon loporello « La danse du Coucou sauvage » est un petit extrait de cette même histoire. À tout cela se rajoute la réalisation de céramiques et de draperies mettant en scène les aventures du Coucou sauvage, qui devraient être exposées l’année prochaine dans une médiathèque. J’ai beaucoup été marquée et impressionnée par le travail de J.R.R. Tolkien qui à travers l’ensemble de ses ouvrages, donne vie à un univers étendu. Forcément cette fascination m’a donné l’impulsion de vouloir raconter mes propres histoires liées par des personnages, des lieux, des croyances…
La danse du Coucou sauvage, Leporello imprimé sur du papier recyclé 250g.
Le Chevalier à la rose pour Les Petits Mondes: dessin préparatoire et plaque de gravure.
Dans ton parcours est-ce qu’il y a eu des rencontres déterminantes sur ton chemin, des personnes qui t’ont donné envie de, des opportunités ? (je pense entre autre à ton stage avec Koralie ).
Effectivement le stage avec Koralie a été très enrichissant ! Il a été intense en projets, en partage, en émotions tout comme celui que j’ai réalisé avec Waii-waii ! J’ai aussi effectué dans un premier temps un stage auprès de Little Madi à qui j’avais pu confier mes craintes sur le métier d’artiste et le statu d’indépendant. Je ne les remercierais jamais assez de tout ce qu’elles m’ont apporté ! Et j’ai un pincement au cœur lorsque je me remémore ces moments passés dans leur atelier à observer une ligne se tracer sur le papier, un pinceau s’imprégner d’une couleur, une tasse en porcelaine s’embellir d’un dessin….Bien sûr, je dirais que la rencontre qui a été un peu déterminante est celle d’Arthur (Arthur Plateau, ndlr) ! Je l’ai rencontré en MANAA et il a été un réel soutien tout au long de mon évolution autant artistique, créative et humaine.
Le séchage avant la cuisson des céramiques.
Bestiaire et inspiration florale pour les céramiques de Virginie.
Pourrais-tu nous dévoiler tes influences artistiques, le travail d’artistes que tu aimes et qui t’accompagne peut-être?
J’ai beaucoup été marquée par le travail de William Morris et du mouvement qu’il a mis en place : l’Arts & Crafts. Je pense que le monde se porterait déjà un peu mieux si on revenait à ses idées. Mettre en avant l’artisanat et la qualité, aller à l’encontre de l’industrialisation et de la surproduction… Mais il faut avoir espoir puisque « Les Petits Mondes » sont là ! De manière plus contemporaine j’admire beaucoup le travail de Kristina Baczynski, elle passe du dessin digital au dessin traditionnel avec une aisance folle. Je suis subjuguée par les dessins de Teagan White qui traduisent une nature mélancolique. Il y a aussi l’univers de Steffie Brocoli qui apporte une fraicheur à l’édition jeunesse. Les illustrations en mouvement de Evan M. Cohen. Mais aussi l’illustrateur anglais Robert Frank Hunter et tellement d’autres artistes et illustrateurs !
La nature, la flore et la faune sont des éléments récurrents dans ton travail, et si on passe la porte de chez toi, que peut-on trouver sur les murs, les étagères de ta bibliothèque, dans les cadres ?
On peut trouver sans grande surprise des fleurs, des feuilles séchées, des branches, des pommes de pins; posés sur une étagère ou encadrés. Des trésors du passé trouvés en vide grenier, comme de vieilles et magnifiques éditions de livres pour enfant, ou encore des boites à fleurs folklores, des paniers en osiers… Il y a aussi des impressions d’illustrateurs dans des cadres chinés. Pour l’instant tout cela a été rassemblé dans des cartons, car mes parents m’ont gentiment laissé aménager une pièce dans leur maison pour y faire mon atelier.
« Inspirante », peinture sur bois réalisée dans le cadre de Synesthésia au Musée Georges-Labit à Toulouse.
« Puissante », « Inspirante » et « Ressourçante », peintures sur bois réalisées dans le cadre de Synesthésia au Musée Georges-Labit à Toulouse.
Pour terminer Virginie, quelques mots sur ton actualité : de nouvelles expositions en perspective, des projets qui se concrétisent…
J’ai participé dernièrement au ZineFest (Rencontre de micro-éditions, fanzines & multiples) à Bordeaux avec Arthur. C’était riche en rencontres et en émotions, nous avons rencontré des gens talentueux, gentils et bienveillants et l’équipe de Disparate qui organise l’évènement est vraiment géniale. Dans quelques jours nous prendrons le chemin de Berlin où nous aimerions poser nos bagages jusqu’en Octobre ! Nous ne savons pas encore où nous allons loger mais je pense que ça s’annonce riche en aventures !
Retrouvez l’ensemble des oeuvres de Virginie Contier réalisées en exclusivité pour Les Petits Mondes ici, et découvrez son univers graphique sur son site.
Crédit photo: Virginie Contier.
Le Bonus : la mini-playlist « On écoute quoi chez Virginie ? »
- Runaway, Aurora (je m’en vais directement dans la plus dense des forêts où tout plein de personnages entre en action)
- Les traditionnels chants bulgares (ces voix vous transpercent dès la première octave)
- La thune – Angèle, (elle tape juste, et c’est une triste vérité)
- Les Huîtres – Mai Lan (ses textes sont souvent plein de « fraicheur »
- Tout titre, Aluk Todolo (On se retrouve en haut de la montagne, on ferme les yeux et on écoute la roche)
- The Ecstasy of Gold – Carolina Eyck ( Le theremine + sa voix = un monde magique)
- Tout titre, Wardruna ( Bienvenue en terre des Vikings ! )
- Naive – Bison Bisous (un groupe Lillois qui décoiffe bien <3)
- Fucked Up In My Head – Joe Cheap & his ubiks (un groupe Toulousains qui décoiffe bien aussi <3)