Arthur Plateau : découvrez son univers illustré

Arthur Plateau : découvrez son univers illustré

A la recherche d’un renouvellement perpétuel

A la recherche d’un renouvellement perpétuel

Bonjour Arthur, je suis heureuse que l’on prenne ce temps pour découvrir ton univers artistique. Merci de nous dévoiler un peu plus aujourd’hui ta pratique mais aussi tes inspirations artistiques!

Pourrais tu nous parler de ton parcours artistique et de tes études afin que cela te présente un peu plus?

J’ai toujours dessiné et eu des activités créatives (comme tous les enfants je pense). Comme mes deux parents sont artistes, j’ai passé pas mal de temps dans les musées et j’ai pu facilement expérimenter plein de techniques. Par la suite, j’ai fait un BTS Design Graphique suivi d’un Master Graphisme Édition spécialisé en couleur. L’ensemble de ces études était plus accès sur le graphisme, j’ai donc cherché à développer ma pratique de l’illustration en parallèle et y à adapter les enseignements que j’y ai eu.

Pendant mes études j’ai aussi eu l’occasion de faire un stage à Londres, ainsi qu’un semestre à Suzhou en Chine. Ce sont des expériences qui m’ont permis de découvrir des cultures et une façon d’aborder la création différente, et qui m’ont poussé à rester curieux. Depuis la fin de mes études j’essaye de toujours explorer des pratiques différentes et expérimenter, pour ne pas m’enfermer dans des habitudes et continuer à développer mon univers.

L’édition papier, le graphisme, la peinture, la gravure, le dessin mais aussi le graffiti et l’univers du stickers sont omniprésents dans ta pratique, est-ce qu’il y a une version diurne et nocturne d’Arthur Plateau ?

Je ne pense pas qu’il y ait spécifiquement une version diurne et en parallèle une nocturne, mais plus un ensemble de facettes qui se répondent et coexistent. J’ai tendance à me lasser assez vite et à avoir besoin d’être stimulé pour ne pas me morfondre. J’aime varier les supports, médias et médiums pour continuer à me dynamiser. Ça vient aussi du fait que je trouve top ce que font plein de personnes, et que ça me donne envie de me plonger dans des approches nouvelles de ma pratique, en rebondissant sur ce que m’évoque leur production et ce qu’elles y insufflent. Rester curieux et me nourrir de ce qui m’entoure, reste pour moi un des meilleurs moyens pour me motiver à créer.

Une fresque réalisée à la bombe.

Une fresque réalisée à la bombe.

La liberté de créer

Justement, tu sembles aussi bien à l’aise face au support papier que devant un mur de béton, souvent plus accidenté et aléatoire ; comment passes-tu d’un médium à l’autre, est ce que ces variations t’enrichissent dans ton travail artistique ?

J’aime bien expérimenter et explorer plein de pratiques différentes, voir ce que ça peut m’apporter et comment transposer mon univers. Au final, mon style se définit plus par un univers visuel que par un traitement ou une pratique précise. Alors que d’un côté certains motifs et éléments reviennent dans ma production, cette pluridisciplinarité m’offre une grande liberté dans la façon d’aborder l’image.

Chaque technique, et chaque manière de la mettre en œuvre, en fonction des périodes, des envies et des sujets que je veux traiter, viennent enrichir la façon dont je crée, autant dans le processus en lui-même, que dans le résultat recherché et produit. Et puis un jeu de va et vient se met aussi en place au fur et à mesure, où chaque pratique vient nourrir les autres et m’apporter un regard nouveau sur ma façon de l’approcher.

Les carnets, point de départ de futures peintures.

Les carnets, point de départ de futures peintures.

Camé

Camé

On retrouve dans ton univers illustré des personnages, des motifs, des symboles, comme un abécédaire que tu assembles ou déconstruit pour nous raconter une histoire. Pourrais-tu nous les présenter ?

J’essaye de proposer une narration au public dans mes images, mais sans que celle-ci soit trop frontale ou imposée. L’ensemble des motifs et symboles me permet d’orienter dans des directions et, j’espère, d’ouvrir des portes à l’imagination que chacun peut s’approprier.

C’est aussi une sorte de vocabulaire graphique personnel que je développe au fur et à mesure de ma pratique. Si dans un premier temps les éléments composant ce vocabulaire étaient principalement issus de mon interprétation de certains mouvements culturels et artistiques, ils tendent à prendre de plus en plus une dimension politisée, et à exprimer par l’image des préoccupations personnelles.

Freaks Pulsion

Freaks Pulsion

Ses sources d’inspiration : contre-culture, musique et animation

Est ce qu’il y a eu des personnes qui t’ont inspiré, initié à ces techniques, as-tu suivi un cursus précis ?

J’ai suivi des études en graphisme, avec un premier temps plus axé sur la technique et une fin de formation plus en lien avec de la recherche. À côté de ça, j’ai toujours cherché à développer une pratique plus personnelle et à intégrer ces acquis dans quelque chose qui me correspondrait mieux.

Pour ce qui est des personnes qui m’ont inspiré (et qui m’inspirent encore) il y en a vraiment une multitude. Je suis un assez grand consommateur d’image et j’ai passé beaucoup de temps à me perdre sur internet. Pour donner quelques noms : Drew Millward, gr170, Michael Shantz, Ilk, EMDT, Lugosis, Yok & Sheryo, Malarko, que j’ai eu la chance d’assister il y a quelques années et plus récemment les McClane pour leur façon d’aborder des problématiques politiques, et tout plein d’autres !

Après il y a aussi beaucoup d’artistes dont je flashe sur le travail, et qui ont des univers différents du mien. Les contre-cultures, la musique et l’animation sont aussi une grande part de mon inspiration et influencent mes productions.

Plaque de lino en cours de gravure.

Plaque de lino en cours de gravure.

Peut-être quelques mots sur le mouvement Lowbrow ?

Je ne suis pas vraiment sensible au côté surréaliste que l’on retrouve souvent dans le Lowbrow. Même si beaucoup d’artistes dont j’apprécie le travail sont labellisés dans le lowbrow, je pense que ce qui m’attire plus se trouve dans une évolution de la figuration libre, ou bien chez des artistes qui ont plus un profil et une production ayant un lien avec l’illustration, pour lesquels il n’y a pas vraiment de case et qu’on a rattachés au Lowbrow.

Il y a une vraie richesse chez des artistes contemporains qui s’affranchissent des barrières et règles de certains mouvements et styles et se nourrissent d’un ensemble de cultures pour proposer quelque chose de frais et de plus libre.

HeadHead

HeadHead

Lost in the surroundings

Lost in the surroundings

Et si l’on s’invite chez toi, qu’est-ce que l’on pourrait retrouver sur tes murs, ton bureau, ta bibliothèque, dans tes écouteurs ou en cours de téléchargement?

Actuellement je n’ai pas vraiment de chez moi défini, ce qui fait que ce qu’on pourrait retrouver au mur se trouve plutôt dans des tiroirs (j’ai une collection d’impressions et d’originaux qui se morfond dans le noir). Sur mon bureau on retrouve un amas d’outils en fonction de ce que je fais sur le moment, même si j’essaye de le garder un peu ordonné pour y voir un peu clair. Dernièrement, j’ai aussi regardé pas mal de séries, ça me permet de rythmer un peu mes journées et de les découper avec le visionnage d’épisodes.

Ma bibliothèque est principalement composée de livres en lien avec l’écologie et l’anarchisme. J’ai un peu profité du confinement pour essayer de reprendre un rythme de lecture, et j’ai pu un peu avancer sur ma pile de lecture qui n’en finit pas de grimper. Ça m’a permis de finir « Sur la route » de Jack Kerouac, « Pouvoir de détruire Pouvoir de créer » et « Agir ici et maintenant », deux livres sur la pensée de Murray Bookchin, et je vais essayer de me plonger un peu plus dans « Le Capital » de Marx.

J’écoute pas mal de styles de musiques différentes en fonction des moments, et j’aime bien suivre des émissions, podcasts ou livres audio quand je fais des étapes assez mécaniques et chronophages de ma production, comme les tracés ou des toiles.

Sur les étagères d’Arthur

Sur les étagères d’Arthur

Et aussi le matériel indispensable.

Et aussi le matériel indispensable.

 

A venir : nouveautés, tatouage, voyage …

L’interview se termine, quelques mots sur ce qu’il se trame dans les prochaines semaines: des projets sur le feu, des collaborations, une expo en cours…

Comme je réponds à cet interview en plein confinement, la situation est assez particulière, et c’est un peu le grand flou quant à ce qui va se passer pour la suite. Une nouvelle série de risographies ne devrait pas tarder pour Les Petits Mondes, j’ai pu assister aux réglages des tirages avec mes supers imprimeurs du Collectif Pépite juste avant la pandémie.

J’envisage de me remettre à l’apprentissage du tatouage, que j’ai mis en stand-by faute de temps et j’aimerais aussi aller un peu dans une grande ville étrangère, donc  en fonction des possibilités et des opportunités que ça provoquera.

Plus d’infos sur son site www.arthurplateau.com

Papillon de lune, Rose incandescente et Existence passagère

Papillon de lune, Rose incandescente et Existence passagère

Bonus : la mini-playlist « On écoute quoi chez Arthur ? »

  • Chary Fiasco — Rallumer l’incendie
  • Guerilla Poubelle — Ceux qui ne sont rien
  • Toundra — IV
  • Architects — Deathwish
  • Enter Shikari — Arguing With Thermometers
  • Skepta — Shutdown
  • Country Dons — Sticky Situations
  • Hayley Williams — Simmer
  • Alcest — Oiseaux de proie
  • PNL – Blanka